OHA-SIS-BIO – MD234 / MD238

Du 25 au 31 juillet 2021

Chef(s) de mission ROYER Jean-Yves
DOI10.17600/18001239

Cette campagne participait à la maintenance du réseau OHA-SIS-BIO, réseau de surveillance acoustique de l’océan Indien austral. Il s’agissait ici de relever un des sites (MAD-E), le plus proche de l’île de la Réunion, avec la récupération d’un prototype d’hydrophone sur mouillage, mis à l’eau en août 2018 et dont l’autonomie arrivait à son terme (3 ans), et son remplacement par une ligne de mouillage équipée d’un hydrophone « classique » autonome. Les deux opérations ont été menées avec succès.

OHA-SIS-BIO– Observatoire HydroAcoustique de la SISmicité et de la BIOdiversité– est un projet d’observation hydroacoustique, pluridisciplinaire et long terme, démarré en 2010, de l’activité sismique et de l’activité vocale de cétacés dans l’océan Indien. Ce dossier demande le redéploiement, dans une géométrie plus complète, du réseau d’hydrophones autonomes déployés entre les îles de La Réunion, Crozet, Kerguelen et Amsterdam, en profitant des transits du N.O. Marion Dufresne vers ces terres australes (9 mouillages, 10 hydrophones).

Le dispositif proposé est configuré pour réaliser une surveillance acoustique continue de l’activité sismique de 3 dorsales à taux d’ouverture contrastés (16 à 70 mm/a) et de la déformation intraplaque du sud du bassin Indien Central.  L’approche est particulièrement performante pour détecter et localiser la sismicité de faible magnitude (>2.5) qui échappe aux réseaux sismologiques terrestres et distinguer les évènements d’origine tectonique ou magmatique. Les objectifs sont de caractériser le fonctionnement spatio-temporel de 3 dorsales ultra-lente, lente et intermédiaire, de préciser la distribution spatio-temporelle des déformations intraplaques, et de vérifier la présence de précurseurs de faible magnitude avant les séismes majeurs sur les failles actives sous-marines.

Cet observatoire permet également d’enregistrer l’activité acoustique des mammifères marins en particulier les grandes baleines. Les enregistrements acquis ont montré que leur signature acoustique typique peut être utilisée comme un indicateur de présence de 5 populations de baleines bleues dans l’océan austral. Les objectifs de ce projet sont d’améliorer nos connaissances sur la présence, l’abondance et les migrations de ces grands mammifères marins protégés, sur plusieurs cycles annuels dans l’océan Austral.

Les données ont aussi révélé des signaux inattendus sur l’état de mer et d’origine cryogénique (vêlage, chocs et dislocation d’icebergs), et sur le bruit ambiant océanique en général. Ces applications justifient également l’acquisition de séries long terme pour valider les modèles de prédiction d’état de mer ou suivre l’évolution des sources du bruit ambiant (naturelles ou anthropiques).

Ces objectifs ont en commun d’utiliser des enregistrements hydroacoustiques dans une même gamme de basses fréquences (< 120 Hz) et de nécessiter des séries temporelles continues les plus longues possibles pour disposer d’informations représentatives sur le régime sismique, sur l’activité de mammifères marins ou de changements de bruit ambiant dans ces régions.

Figure 1 : Prototype d’hydrophone longue-durée (3-4 ans) équipé de messagers (sphères).
Figure 2 : Routes de la campagne MD231 avec données bathymétriques multi-faisceaux.
Figure 3 : Exemple d’enregistrement acoustique basse-fréquence (séismes, baleines et tirs sismiques).